Dans la matinée du 17 avril, le Président a prononcé un discours au Parlement européen, puis a lancé dans la soirée les consultations citoyennes sur l’Europe à Épinal avant d’aller rencontrer Angela Merkel ce jeudi à Berlin.
C’était la première fois que le Président s’exprimait devant le Parlement européen, et son intervention s’inscrit dans la lignée de ses discours fondateurs d’Athènes du 07 septembre 2017 et de la Sorbonne du 26 septembre 2017), dans un contexte dont le Président a rappelé les incertitudes et la gravité (Brexit, migrations, montée en puissance de régimes autoritaires, crise syrienne).
Il a d’ailleurs appelé à la responsabilité des Européens en disant qu’il ne voulait « pas faire partie d’une génération de somnambules » et a livré un plaidoyer en faveur de la démocratie estimant que face aux « désordres du monde », « la réponse n’est pas la démocratie autoritaire mais l’autorité de la démocratie ».
C’est par la démocratie que « l’Europe des peuples » pourra être ravivée, alors que moins d’un Européen sur deux s’est déplacé pour voter aux dernières élections européennes de 2014.
C’est tout le sens des consultations citoyennes initiées par la France, dans lesquelles les 27 Etats membres se sont engagés et que le Président a lancé hier soir à Epinal.
Ces consultations citoyennes traduisent le souhait de renforcer l’ancrage civique des décisions européennes prises au nom des peuples et d’amplifier la démocratisation des Affaires européennes. Ces consultations ont vocation à mobiliser tous les acteurs du débat public sur les enjeux européens, mais aussi l’ensemble des Français et des Européens soucieux d’exprimer ce que leur inspirent l’évolution de la construction européenne, l’appartenance de notre pays à l’UE ainsi que ses politiques et son fonctionnement.
Il s’agit d’une opportunité unique de prendre la parole, pour critiquer l’UE comme pour formuler des propositions constructives, alors que les Européens sont confrontés à des défis internationaux d’une ampleur inédite (en matière sécuritaire, climatique, commerciale, migratoire) et où ils s’interrogent sur le rôle et la place de l’Europe et de leurs pays dans la mondialisation.
Le Président a également estimé qu’il est nécessaire de « construire une nouvelle souveraineté européenne » renforcée, ce qui implique de relever plusieurs défis à court terme :
- La gestion des migrations: sur cette question, outre la révision du règlement de Dublin, la France souhaite pousser la création d’un programme européen apportant un soutien financier direct aux collectivités territoriales qui accueillent et intègrent des réfugiés ;
- Le numérique, défi face auquel notre pays soutient la création d’une taxe qui « corrige les excès les plus choquants » et dont le produit permettrait d’alimenter le budget européen, et face auquel l’UE doit continuer de cultiver une approche respectueuse des libertés individuelles et des données personnelles ;
- L’Union économique et monétaire, qui doit être consolidée par la définition d’une feuille de route qui fasse avancer l’Union bancaire et la convergence au sein de la zone euro, notamment grâce à un budget commun ;
- La culture, qu’il convient de faire vivre, à travers les universités européennes, mais aussi via la protection du droit d’auteur.
Ce sont plusieurs dimensions de la souveraineté que l’UE doit donc bâtir: souveraineté en matière de sécurité, en matière économique, climatique, alimentaire, numérique et sociale. S’agissant de l’environnement, la France a l’intention de soutenir un prix-plancher du carbone et une taxe aux frontières pour le CO2.
A cette fin, le cadre financier pluriannuel (2021 – 2027) à venir doit refléter un projet politique de cohérence, d’efficacité et de convergence. Ce plan de dépenses qui traduit les priorités de l’UE en termes financiers sur plusieurs années, définit les dépenses sur une période donnée, ainsi que les montants maximaux disponibles pour chaque grande catégorie de dépense. Il fournit ainsi un cadre financier et politique afin de concentrer les ressources et les investissements là où ils sont jugés nécessaires.
Dans ce contexte, la France est prête à accroître sa contribution, à condition que le budget soit repensé, en créant de nouvelles ressources propres, en supprimant les rabais, en finançant l’action en matière de défense et de migrations mais aussi en définissant des critères de convergence en matière fiscale et sociale.