Glyphosate : quezaco ?
Le glyphosate (N-(phosphonométhyl) glycine, C3H8NO5P) est un herbicide total foliaire systémique, c’est-à-dire non sélectif, absorbé par les feuilles et à action généralisée. Essentiellement commercialisé sous le nom de Roundup, marque phare de la polémique société Monsanto, il est également produit par d’autres sociétés depuis que son brevet est passé dans le domaine public en 2000. C’est le désherbant le plus utilisé au monde (environ 8 000 t/an de matière active en France en 2016).
Le 20 mars 2015, le glyphosate a été classé comme pouvant endommager l’ADN et « probablement cancérogène » pour l’humain (groupe 2A) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé100,101,102,103. Ce classement est fondé sur des résultats d’études conduites in vitro et in vivo.
Ses effets sont également dévastateurs pour les écosystèmes, notamment aquatiques.
De nouvelles études s’accordent à dire que la vraie dangerosité du glyphosate vient des additifs associés qui sont hautement toxiques. En effet, la molécule même du glyphosate se fixe assez mal et les tristement célèbres désherbants allient plusieurs adjuvants, dont des métaux lourds toxiques, comme l’arsenic ou le plomb, à des taux supérieurs à celle de l’eau du robinet.
De la tribune à l’hémicycle
En octobre 2017, plusieurs députés de la majorité avaient publié une tribune dans Le Monde pour appeler les pays européens à voter contre la prolongation de la licence du glyphosate.
Aujourd’hui, je reste convaincue par la pertinence de cette prise de position forte.
C’est pour cela que j’ai voté pour l’amendement porté par Matthieu Orphelin, que j’avais cosigné, amendement prévoyant une échéance de 2021 mais avec des dérogations possibles jusqu’en 2023.
Un amendement équilibré, qui prenait à la fois en compte le souhait d’environ 8 français sur 10, mais aussi les difficultés que pourraient rencontrer nos agriculteurs français suite à une interdiction brutale.
Il n’est pas en effet question d’opposer les uns et les autres dans ces combats pour notre planète. Nous sommes tous concernés, et nous avons besoin de chacun. Que ferions-nous sans agriculteurs pour nous nourrir ?
Une inscription dans la loi qui semblait nécessaire à un quart des députés présents cette nuit dans l’hémicycle, après une heure du matin…
De l’engagement à la réalité ?
L’amendement n’est pas passé, c’est un fait. Mais le ministre a pris des engagements dans l’hémicycle. Dès le 4 juin, Richard Ferrand, président du groupe LREM à l’assemblée, a annoncé qu’il allait demander la création d’une mission d’information.
Une initiative que je salue, et que je suivrai bien entendu avec le plus grand intérêt et la plus grande implication possible.
Il est nécessaire, désormais, de dépasser le clivage du 28 mai dernier. La colère n’a jamais apporté d’évolution positive au débat et je condamne fortement les manifestations haineuses dont sont victimes nombre de mes collègues aujourd’hui.
Je suis persuadée qu’ensemble, nous trouverons une solution adaptée pour sortir du glyphosate, tout en accompagnant nos agriculteurs.
L’espoir demeure de faire devenir réalité cet engagement de notre président, pour un avenir commun.