En mai dernier, le Mouvement antiraciste européen EGAM a lancé un appel dans la presse française et européenne visant à généraliser la circulation des jeunes en Europe en vue d’approfondir la démocratie. Leur projet, intitulé « Erasmus Universel », vise à mettre la jeunesse au cœur de la refondation démocratique de l’Europe. Il se donne pour objectif de « faire vivre les valeurs fondamentales de la démocratie » et d’accomplir « une profonde transformation de l’Europe ».

Un programme de plus en plus attractif

L’engouement pour le programme européen Erasmus+ ne faiblit pas en France.  Il bénéficie en effet d’une grande notoriété avec près de 9 millions de jeunes qui ont vécu l’expérience à travers l’Europe.

Les demandes sont en hausse de 6% en 2018, notamment grâce à l’ouverture du programme aux apprentis, aux élèves de lycée professionnel, aux stagiaires de la formation professionnelle ou encore aux enseignants.

En 2017, année où les trente ans de la création d’Erasmus ont été célébrés, 79 888 personnes ont bénéficié du programme en France, soit une augmentation de 18,2 % par rapport à 2016.

Au-delà de son apport pour l’apprentissage des langues, Erasmus permet de tisser des liens avec des étudiants d’autres pays, en développant le sentiment d’appartenance à une communauté européenne, tout comme l’ouverture d’esprit et la tolérance. Il améliore également l’employabilité des jeunes partis à l’étranger toute nationalité confondue. (Source : rapport de l’Observatoire Erasmus )

Mais encore loin d’être universel

Cependant, Erasmus semble être un système à plusieurs vitesses : seulement 3% d’une classe d’âge est aujourd’hui concernée par Erasmus+. Cela amène une distinction au niveau social au sein de l’UE et l’idée que tous les pays de l’Union ne se développent pas à la même vitesse. Cette inégalité des chances, peu perçue à l’heure où la mobilité semble s’imposer comme la norme, est néanmoins génératrice de tensions.

Erasmus Universel, une initiative « pour l’égalité et la justice »

La création d’un « Erasmus Universel », proposée par l’association anti-raciste EGAM, a pour ambition la constitution d’une identité et d’une société civile européenne, en réponse aux tensions identitaires et aux idéologies nationalistes qui ont cours aujourd’hui.

Concrètement, il s’agit d’instaurer des échanges ou de séjour à l’étranger pour tous les étudiants, apprentis et jeunes chômeurs, mais également des voyages de classe ou des échanges courts pour les lycéens, collégiens et élèves de primaire.

Cette initiative fait écho à la proposition du Président Emmanuel Macron lors de son discours à la Sorbonne en septembre dernier selon laquelle « en 2024 la moitié d’une classe d’âge doit avoir passé, avant ses 25 ans, au moins six mois dans un autre pays européen ».

Conscient du potentiel du programme Erasmus pour renforcer la solidarité européenne et ainsi lutter contre « la crise politique, sociale et morale que traverse notre continent », l’association EGAM appelle à un changement de nature du programme afin d’engager ensemble « toutes et tous les jeunes d’Europe, notamment celles et ceux qui sont les plus exclus pour des raisons sociales, raciales et territoriales ».

« En offrant aux individus la possibilité de se construire dans la rencontre avec l’Autre, de constituer librement leurs identités de manière non-xénophobe et pleinement européenne, Erasmus Universel leur offrira la possibilité de leur émancipation. Par cette rencontre, les individus pourront en effet identifier au mieux les héritages culturels et nationaux qui leur ont été transmis et ouvrir des perspectives pour inventer une identité et un parcours de vie qui leur soient propres. » (Benjamin Abtan, président d’EGAM)