Les actes de sexisme, d’abus et de violence à l’encontre des femmes sont monnaie courante dans les instances parlementaires européennes. C’est ce que révèle une récente étude menée conjointement par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) et l’Union interparlementaire (UIP).
Fondée sur des entretiens approfondis avec 123 femmes parlementaires et membres du personnel parlementaire, cette enquête dresse un constat alarmant sur l’ampleur des actes de harcèlement dans les parlements. On découvre notamment que plus de 85 pour cent des femmes parlementaires interrogées ont été victimes de violence psychologique et que la quasi-moitié d’entre elles ont reçu des menaces de mort, de viol ou de passage à tabac. Ces actes se manifestent également physiquement et sexuellement, et peuvent se produire aussi bien sur le lieu de travail qu’en ligne via les réseaux sociaux. Plus exposées, les femmes parlementaires de moins de 40 ans sont aussi plus susceptibles d’être harcelées.

Les expériences de harcèlement sexuel et moral sont encore plus prégnantes chez les membres du personnel parlementaire féminin, parmi lesquelles 40,5 % ont été victimes d’actes de harcèlement sexuel et 50 % de remarques de nature sexuelle.

Si le mouvement #MeToo a contribué à médiatiser les violences faites aux femmes, le signalement de ces actes reste assez faible. L’étude affirme que seulement 23,5 % des femmes parlementaires et 6 % des femmes membres du personnel parlementaire se sont élevées contre les mauvais traitements. Par ailleurs, plusieurs femmes sondées ont déploré le fait qu’il n’existe aucun service au sein de leur parlement auquel recourir en cas de harcèlement, ce qui amène le rapport à conclure sur la nécessité pour les parlements d’encourager le signalement de ces actes et d’imposer des sanctions disciplinaires aux auteurs.
Bien que reposant sur un échantillon limité, ces données chiffrées démontrent clairement que le sexisme, les abus de pouvoir et la violence à l’égard des femmes existent dans les parlements et doivent être combattus dans l’ensemble des États membres du Conseil de l’Europe.La lutte contre toutes formes de violence faite aux femmes et aux filles, thème du cinquième Objectif de Développement Durable (ODD), s’avère essentielle pour ériger une société plus juste et plus inclusive.